L’ostéopathie peut aider à traiter la douleur chronique

6 septembre 2020 Ostéopathie 0

Université de Montréal, 30 Avril 2018, Martin LaSalle

Les traitements ostéopathiques atténueraient directement et indirectement la douleur chronique découlant de troubles musculosquelettiques, selon le doctorant René Pelletier, de l’UdeM.

Les traitements d’ostéopathie engendrent des changements directs et indirects quant à la perception qu’on a de la douleur et peuvent ainsi contribuer à améliorer l’état des personnes souffrant de douleurs persistantes en raison de troubles musculosquelettiques.

C’est ce qui ressort d’une revue de la littérature effectuée par René Pelletier dans le cadre de ses recherches doctorales menées à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal sous la codirection des professeurs Daniel Bourbonnais et Johanne Higgins.

M. Pelletier a scruté 207 études traitant des régions du cerveau en activité lorsqu’on ressent une douleur ainsi que des effets des traitements ostéopathiques sur ces régions.

La nociception: quand ça fait mal!

Le chercheur a commencé par documenter les modifications neuroplastiques dans le système nerveux central qui surviennent chez les individus qui souffrent de troubles musculosquelettiques chroniques, telles les douleurs au bas du dos.

«La douleur est une perception et, chez ces personnes, le caractère permanent de la douleur modifie la façon dont le cerveau la perçoit», explique M. Pelletier.

Du latin nocere («nuire») et captere («recevoir»), le terme nociception peut sonner étrangement, mais tous en ont déjà fait l’expérience: c’est la fonction défensive par laquelle une stimulation susceptible d’endommager un tissu est transmise au cerveau, qui évalue la douleur et réagit en conséquence.

«Les études indiquent que, dans le cas de la douleur chronique, la douleur peut être calmée en rééduquant certaines régions du cerveau, dont le cortex somatosensoriel primaire, et ce, avec des traitements comportementaux comme l’entraînement à la discrimination sensorielle, l’imagerie motrice et la thérapie du miroir», illustre-t-il.

Les effets de l’ostéopathie sur la nociception

Si les bienfaits à court terme des traitements ostéopathiques sur la douleur chronique sont bien documentés, ceux à long terme sont plutôt méconnus.

René Pelletier a donc examiné les études relatives aux mécanismes du cerveau en jeu dans la réduction de la douleur chronique lors de traitements ostéopathiques.

Le chercheur a découvert que certains de ces mécanismes ne sont pas spécifiquement activés par l’ostéopathie et dépendent davantage du contexte du traitement, tout comme la perception, les attentes et croyances du patient à l’égard du traitement lui-même, et l’alliance thérapeutique entre le patient et le thérapeute.

«Cette mécanique contextuelle entraîne des effets physiologiques qui découlent de processus cognitifs, affectifs et motivationnels du cerveau qu’on observe en ostéopathie de même qu’en ergonomie ou en physiothérapie par exemple», ajoute René Pelletier.

Par ailleurs, les manipulations manuelles qu’effectuent les ostéopathes contribuent à changer les informations sensorielles envoyées au cerveau par les muscles et les articulations endoloris. «Les études montrent que, pour agir de façon durable sur les différentes régions du cerveau en cause dans la perception de la douleur, les traitements doivent être répétés pendant une certaine période afin de modifier le fonctionnement du cerveau lié à la douleur», mentionne-t-il.

De même, les manipulations doivent notamment viser les régions dysfonctionnelles et non seulement la douleur elle-même, stimuler les récepteurs périphériques pour éveiller le processus sensorimoteur et reposer sur des exercices que le patient doit faire entre les traitements.

Enfin, certains amplificateurs de la douleur, comme la peur, l’anxiété, la somatisation, le catastrophisme et la dépression, peuvent aussi être atténués par l’approche de l’ostéopathe en collaboration avec d’autres fournisseurs de soins de santé. Ces intervenants peuvent jouer un rôle pédagogique auprès de leurs patients quant à la nature des mécanismes de la douleur chronique et leur apprendre entre autres à reconnaître les biais qu’ils entretiennent relativement à la douleur.

Troubles musculosquelettiques: un problème de santé publique

«Les troubles musculosquelettiques, qui comprennent les douleurs lombaires chroniques, touchent environ le quart de la population et constituent un problème de santé publique que l’approche biomédicale n’a pas été en mesure de régler», déclare René Pelletier dans un article tiré de ses travaux de doctorat.

Selon lui, les approches biopsychosociales – dont les traitements ostéopathiques – peuvent aider à «reconceptualiser la perception et les croyances à l’égard de la douleur, à l’aide des mécanismes régulateurs homéostasiques qui aident à réduire la douleur et à améliorer la fonction».